Le monde selon la fille de Garp

 Antoine et Mélanie, un frère et une soeur, se retrouvent pour passer un week end ensemble. C'est l'anniversaire de Mélanie, un anniversaire triste puisque son histoire avec Olivier s'achève. Antoine, lui, gère plus mal que bien un divorce peu ancien. Antoine offre comme surprise à Mélanie un week-end à Noirmoutiers, lieu où ils passaient leurs vacances quand ils étaient jeunes, quand leur mère était vivante. Ce week-end et l'accident qui va suivre va faire ressurgir des souvenirs, des sentiments enfouis, des sensations oubliées et par dessus tout, le drame qu'ils ont vécu quand ils étaient jeunes.

Ce livre poignant interpelle la mémoire, la nostalgie du passé et de l'enfance, la lente reconstruction et le dur chemin pour refaire surface. On aime les personnages, on pleure, on vit, on aime avec eux. En se réconciliant avec nous, on se réconcilie avec eux.

Un adorable livre qu'on déguste comme un chocolat chaud ou une délicate madeleine... au citron!! Un bon canapé, une lumière tamisée, un thé, un chat et ce bouquin.

On entre dans l'univers de Mélie, sans mélo, par la petite porte, à pas feutrés. On découvre l'univers de Mélie, de Clara, sa petite fille, de Fanette, sa fille, Marcel, l'ami de toujours. Par de petits gestes quotidiens, les pages qui défilent célèbrent les petits bonheurs de la vie, les douceurs qui comblent le quotidien, l'amour, la tendresse, les vies cabossées, les souvenirs et surtout des personnages optimistes, ancrés dans leur vie, assumant leurs frustrations, leur existence. Ce livre est un bonne meringue qui monte doucement et nous comble.

En 1823, naissent fleur de neige et fleur de lis, deux petite chinoises. La narratrice, fleur de lis est la plus pauvre. A l'âge de 7 ans, les fillettes deviennent laotong, c'est à dire, unies pour la vie. Leur amitié devient le socle et l'espoir de leur existence, fillettes et femmes ensuite, soumises devant les hommes et devant leur destin. Alors que fleur de lis s'élève dans la société de part son mariage, fleur de lis connaît un destin beaucoup plus sombre. Leur amitié, rempart érigé pour tout supporter, se délite et s'affaiblit, l'existence les sépare, leur différence s'exprime de plus en plus, la vie les malmène, les emporte, leur offre joies et peines. Fleur de lis et fleur de neige, sous le pinceau de lisa SEE, grandissent, murissent, changent, vieillissent...

Nous voilà transportés dans la chine du 19ème siècle, à vivre la vie de deux filles qui sont de part leur condition féminine, des objets, de désir, de commerce, des ventres à "faire des garçons", des filles qui existent tout d'abord par la beauté de leurs petits pieds, de leurs minuscules pieds bandés, qui les rendent incapables de se déplacer correctement. Fleur de neige et fleur de lis représentent toutes ces femmes qui courageusement luttent pour, à défaut de maitriser leur vie, connaitre quelques moments de bonheur, de satisfaction et une petite marche de manœuvre qui échappe à leur entourage, l'amour qu'elles se portent, l'écriture secrète utilisée à cette époque là par les femmes, les rêves, l'espoir, l'amitié. Un livre qui a le mérite de témoigner de cette époque, extrêmement violente pour les femmes, dont les souffrances commençaient fort tôt, entre autre, avec le bandage des pieds, la place dans la famille de leur mari, les souffrances infligées, l'obligation d'avoir un garçon, la toute puissance des hommes, les croyances de l'époque. Un témoignage intéressant d'une époque pas tout à fait si lointaine.

Un beau livre qui sent le sel, la mer, les embruns mais aussi la mélancolie, l'amour disparu, peut être à jamais... Un homme revient avec ses deux enfants dans sa ville natale, à st Malo, après la disparition de sa femme. Il y loue une petite maison, un peu de bric et de broc, il s'y installe, réapprend à vivre, à se reconstruire, protège ses enfants abimés par la disparition de leur mère, contient le fol espoir de la voir réapparaitre, attend et se façonne de nouveaux repères dans sa nouvelle vie si particulière. J'ai aimé ces personnages si jeunes et déjà blessés par la vie. J'ai aussi aimé la manière fluide que possède Olivier ADAM quand il décrit les ballades sur la plage, les jeux silencieux, les rires surpris où l'on oublie ce que l'on vit, la nouvelle construction de cette petite famille qui se solidifie face à la souffrance, ces mains tendus, les nouveaux amis, la famille, cet univers qui se recrée. Et tout cela respire, malgré tout, l'énergie de vie, de vivre. Au travers des descriptions de paysages, de la maison repeinte, d'une rencontre, on remonte tout doucement, à la surface, comme cette belle famille et tout comme elle, on n'échoue pas sur le rivage.